Association "LE GAIAC"

97115 Sainte Rose
Guadeloupe

L'iguane commun?

L'iguane commun ou iguane vert (Iguana iguana) est l'un des plus grands iguanidae. Il est plus élancé que l'iguane des Petites Antilles mais possè de la même allure générale. Son corps représente environ le quart de la longueur totale et compte pour environ le tiers chez les iguanes des Petites Antilles des zones sèches. Cette différence pourrait être liée à son mode de vie plus arboricole. Il peut atteindre les deux mètres pour un poids de 10 kilos, ce qui concerne les mâles. Les femelles sont plus petites. Iguana iguana possède une grosse écaille bombée sous le tympan, la plaque subtympanique, appelée parfois écaille massétérique, plus développée chez les mâles que chez les femelles. Les écailles du fanon (plus de 10) sont en général triangulaires et atteignent souvent la partie inférieure du fanon.

La coloration de cette espèce est très variable, mais les nouveau-nés et les juvéniles d'un an possèdent une coloration verte tout à fait comparable à celle de l'iguane des Petites Antilles.

La coloration des adultes est variée, mais les couleurs les plus fréquemment rencontrées sont le vert, le vert-jaune, le vert clair, le vert foncé, le vert-gris... D'une manière générale, la tête est plus claire (gris-blanchâtre) que le reste du corps. La queue est barrée de bandes noires qui lui donnent un aspect annelé. Ce caractère et l'écaille subtympanique permettent de différencier sans ambiguïté les deux espèces d'iguanes habitant les Petites Antilles. Le dimorphisme sexuel est bien marqué chez cette espèce. Le mâle est plus grand que la femelle, les épines dorsales sont plus hautes, la plaque subtympanique est bien développée et le fanon gulaire est plus large. En période de reproduction, la tête présente une teinte bleutée et les pores fémoraux sont très développés. Les nouveaux-nés sont vert pomme brillant. Ils possèdent des rayures obliques sur le fanon et quelques marques blanches à l'aisselle. A l'éclosion, leur longueur totale est de 245mm pour une longueur corporelle moyenne de 68mm et une poids de 13,5g (nouveau-nés mesurés à Trois-Rivières le 20.08.99) (Breuil, 2002).

HABITAT DE L'ESPECE Sur la Basse Terre, dans les années 70-80, l'iguane commun semblait limité au Massif de Houëlmont (Currat, 1980; Gérard Berry comm. pers., août 1999; Marcel Castry comm. pers., août 2000). Depuis le début des années 90, l'iguane commun est connu de Jarry à l'extrême sud de l'île où il remonte jusqu'à Saint-Claude (Breuil et Thiébot, 1994) et se trouve aussi sur la côte Caraïbe à Vieux-Habitants. On le rencontre aussi aux îlets à Goyaves (Pigeon) et sur la côte sous le vent. Sur la Grande-Terre, il est connu de Gosier, de Sainte Anne et de Saint François. Sa répartition apparaît continue sur la côte sud de la Grande-Terre. Il est également présent aux Saintes, à Grenade, à Saint-Vincent et aux Grenadines ainsi qu'à Sainte-Lucie (Lazell, 1973). Il est absent de la Dominique qui est peuplée par Iguana delicatissima alors que Marie-Galante abritait sans doute Iguana delicatissima et qu'au moins un Iguana iguana a été relâché en 1995 (Michel Grandguillotte, comm. pers., avril 1995) et de nouveaux individus ont été signalés récemment (Leguyader in litt., oct. 2001). Au nord de la Guadeloupe, il se rencontre à Montserrat et à Saba. Il est absent de Saint Kitts, de Nevis et de Redonda. L'iguane commun habite le Mexique, l'Amérique centrale, une grande partie de l'Amérique du Sud et les Antilles (Avila-Pires, 1995). Il a été introduit en Floride. L'iguane commun habite une grande diversité de milieux. Dans les Petites Antilles, c'est une espèce plutôt littorale qui fréquente les milieux secs, les falaises à succulentes, les forêts xérophiles et mésophiles, les ravines humides, les mangroves, les herbages. Il est aussi bien présent sur les côtes au vent que sur les côtes sous le vent que dans les parties les plus sèches des Saintes. Dans les milieux arides, les iguanes sont relativement groupés alors qu'ils sont plus dispersés dans les habitats plus humides et arborés. Sur la Basse Terre, l'iguane commun se rencontre dans les ravines, en milieu urbain, dans les jardins publics et dans tous les milieux arborées où ils ne sont pas trop dérangés. Sur la côte atlantique, il fréquente les falaises intérieures (Sainte-Marie) où il est en compétition avec Iguana delicatissima, mais aussi les ravines. Il est très abondant dans les mangroves bordant le Petit Cul-de-Sac Marin (zone industrielle de Jarry). Il a colonisé les habitats littoraux du sud de la Grande-Terre et se rencontre entre Gosier et Saint-François et il commence à s'installer à l'intérieur des terres.

ALIMENTATION Iguana iguana est un végétarien opportuniste essentiellement arboricole qui se nourrit aussi bien à terre que dans les arbres. Il consomme une très grande diversité de végétaux et de la matière animale, reflétant ainsi les différents habitats fréquentés. Il se nourrit de végétation herbacée, de fruits tombées (mangues...), de nombreux végétaux dans les jardins (salade, pois, melon, fleurs d'hibiscus...). Il consomme également des excréments d'origines diverses, des poissons morts, occasionnellement des poussins dans les basses-courts (Patrick Perron, comm. pers., février 1995). Ils peuvent éventrer des sacs-poubelles pour s'alimenter.

REPRODUCTION La maturité sexuelle chez la femelle Iguana iguana est atteinte autour de 3 ans et beaucoup plus tard pour les mâles qui doivent établir un territoire au terme de combats parfois violents. Durant la période d'accouplement, les mâles sont particulièrement agressifs et montrent constamment des comportements de défense de territoire (hochements de tête, gueule ouverte en soufflant bruyamment, coups de queue). La parade débute par des hochements de tête destinés à attirer l'attention de la femelle (Dugan, 1982a,b). Les tentatives de séduction du mâle durent plusieurs jours avant que la femelle n'accepte de s'accoupler. Le mâle courtise en général toutes les femelles de son territoire. Après la période d'accouplement, la femelle se nourrit beaucoup, mais utilise aussi ses réserves de graisses corporelles pour les stocker dans ses oeufs. Il faut attendre 9 à 10 semaines pour qu'elle soit prête à pondre et part chercher un lieu de ponte. Les déplacements effectués sont assez importants notamment pour les animaux vivant loin du littoral. C'est à ce moment que les observations d'iguanes écrasés sur les routes se multiplient. Les zones de pontes sont des milieux bien drainés et ensoleillés : sable des plages, talus argileux, potagers,... La ponte a lieu en général fin avril-début mai. Elle pond plusieurs fois pendant la période de reproduction. Elle dépose ses 20 à 40 œufs dans un nid souterrain. La période d'incubation est d'environ 90 jours. L'éclosion a lieu en août-septembre pour l'archipel guadeloupéen. C'est à cette période que l'ameublissement des sols et la reprise de la croissance de la végétation favorise la prolifération des insectes que les jeunes consomment.

CONSERVATION Contrairement à Iguana delicatissima qui est en régression, Iguana iguana est une espèce en pleine expansion. Cette expansion est dûe à plusieurs facteurs : - Protection des iguanes aux Saintes (1976) ce qui a permis une augmentation de la population de cette espèce, - Déplacement volontaire d'iguanes sur la Basse-Terre ou iguanes passagers clandestins, -Entraînement des iguanes par les cyclones, - Présence d'une population dans le massif de Houëlmont qui a été renforcée par l'arrivée de nouveaux individus, - Déchets en tout genre, nombreux arbres fruitiers (manguiers,...), cultures dont les iguanes profitent largement, - Présence de nombreux jardins avec de la terre meuble, les iguanes disposant ainsi de sites favorables, - Protection de l'iguane commun dans l'archipel guadeloupéen depuis 1989. La prolifération de cette espèce est telle que sur la Basse Terre et sur la Grande Terre, elle est chassée (illégalement) à cause des dégâts qu'elle fait dans les jardins et surtout elle met en danger, sur l'ensemble des Petites Antilles , la survie d'Iguana delicatissima. L'iguane commun est considéré comme une espèce invasive dans certaines îles des Petites Antilles (Saintes, Basse-Terre, Grande-Terre, Martinique). Cette hypothèse est admise par la communauté herpétologique internationale (Daltry et al., 2001). Cette prolifération se fait au dépend de l'iguanes des Petites Antilles par un phénomène de compétition et d'hybridation comme cela est admis par les associations de conservation de la nature internationales (Flora et Fauna International, Iguana Specialists Group de l'UICN, voir Day et al., 2000; Daltry et al., 2001) et les associations caribéennes de protection de la nature (Anguilla et Antigua National Trusts). Rédigé à partir du livre de Michel BREUIL (2002) : " Histoire Naturelle des Amphibiens et Reptiles terrestres de l'archipel guadeloupéen".

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